Parce que c'est Toi ...

Pourquoi Morphée est-il si cruel avec moi ? Pourquoi m'empêche-t-il de trouver le sommeil du Juste ?

Peut-être ne dois-je pas m'endormir en fin de compte ? Elle, elle est endormie et moi je contemple les dalles de notre chambre. Je sais pertinemment qu'il y en a 5412, j'ai tourné et retourné ce chiffre encore dans ma tête. Ce calcul est d'une facilité exécrâble. Sur 5412, il y en 360 de fendillés ...
L'aube n'est pas encore au rendez-vous, alors je contempler le peu de luminosité que veut bien m'offrir l'Astre solaire. Ce dernier est radin, en tournant ma tête je peux voir l'heure sur le réveil : 5h12. Encore une nuit passée à ne pas dormir ...
Je me tourne vers Carrie, seule personne qui tend à m'apaiser. Elle et encore endormie ma Belle au bois dormant, bientôt je la réveillerais d'un baiser ... Mais pas encore, il reste quelques souvenirs de notre danse amoureuse sur sa peau si douce.

Je suis habitué à la regarder dormir. Vu que moi, je n'y ai plus vraiment droit. Les courbes sinueuses que j'aime à caresser et à embrasser me tendent pourtant les bras. C'est une invitation ... à laquelle je ne peux refuser. Comment va-t-elle le prendre ? Elle m'enverra l'oreiller sur le nez, en grognant qu'elle les veut, elle, ses heures de sommeil. A savoir que les femmes détestent que leur peau ne soit pas reposée, d'où l'apparition de rides.
Moi ? Non, je n'en ai pas. Pas que je sache, je n'ai pas encore de cheveux blancs dans ma chevelure d'ébène. Tant mieux, ç'aurait été disgracieux. Revenons-en à Carrie, étendue ainsi parmi les draperies vermeilles. Elle mériterait que je la peigne. Chose que j'ai faite une seule fois mais dont elle ne sait rien. Tout comme June, ou encore Clyde ...
Je garde mes oeuvres secrètes. Oh, elle les trouvera bien, elles sont au sous-sol de la Tour. Mais enfouies sous des cartons remplis d'objets hétéroclites datant peut-être de la troisième guerre mondiale. Je n'ai jamais vraiment pris la peine de fouiller ... Je suis certain des découvertes formidables que je pourrais amasser. Mais à vrai dire je n'ai pas le temps.
D'habitude, je me lève sans bruit, et je m'assois dans le fauteuil près du lit, un livre à la main. De la bonn littérature, du moins ce qu'il en reste ...

Mais pas aujourd'hui. Pas maintenant du moins. Vous savez quand l'impression vous vient qu'à tout moments vous pouvez perdre l'être cher ? Il me traverse le corps et me le glace sans que je ne puisse rien y comprendre ...

Si je suis amoureux ? Pour réagir ainsi, visiblement. Me confier n'est pas si évident. Je dois avoir l'air idiot à attendre ainsi que l'heure tourne, relégué du côté gauche du lit à remarquer chaque instant le soulèvement de la poitrine. Et pervers aussi ...
Cette fois-ci c'est décidé après presque une demi-heure d'attente si ce n'est plus. On approche de toute manière des 6h passées, je me remets lentement sur elle. Mes mains s'aventurent sur les hanches, les cuisses musclées dûes aux entraînements qu'elle parvient à s'infliger. Mes lèvres viennent rencontrer son fin cou pour y déposer une pluie de baisers tendres et aimants. Je m'approche de ses lèvres que je capture avidement.
Si avec ceci, elle n'est pas réveillée, je ne m'appelle plus Jason Marshall ... Je viens à lui murmurer dans le creux de l'oreille en ayant au préalable caresser un sein découvert par la draperie couleur incarnat. Et que je suis certain que je vais passer pour un pevers. Pas ma faute, si je l'aime et je la désire aussi. Et June ? Autre sujet, autre contexte.

- Carrie ... je t'aime.

Ok. J'avoue que pour l'Inventivité je peux repasser. Mais pour ma part je trouve que c'est un assez doux réveil.
Ce sera à Carrie de juger ...

Si je grognais cette fois, ce n'était pas parce que j'allais l'assassiner - encore que cette possibilité ne soit pas totalement à exclure, je déteste être réveillée autrement que par mes bons soins - mais plutôt à cause des élans inconsidérés de mon corps. Si j'avais su, il y a quelques années, que Jason prendrait autant d'emprise sur mes sens, l'aurais-je laissé faire ? Sauvage, indomptable et soucieuse de garder ma liberté si durement acquise intact, il m'est difficile de faire concorder l'image que j'ai de moi aujourd'hui - totalement dépendante de sa présence, de sa voix, de son parfum sur moi - et celle que je garde de mes jeunes années ou après mon évasion de la WHC. On se dit toujours que si l'on connaissait notre futur, l'on pourrait le changeait pour le rendre meilleur, mais moi, je suis heureuse de n'avoir jamais su que je serais un jour si profondément amoureuse de lui. J'ai ainsi évité la tentation de changer ce présent qui me ravit.

Sentir sa voix dans mon cou me fit frissonner et ouvrir un œil. Je savais que si je m'essayais à parler maintenant, ce que je pourrais bien dire ressemblerait à un gargouillis inintelligible. Et il y avait d'autre manière plus ... sensuelle de lui prouver que combien il m'aimait n'était rien comparé à moi.

M'aidant de mes jambes, je le fis basculer sur le lit pour que je puisse me retrouver au dessus et lui dessous. Il n'était pas rare que je prenne les devants de nos jeux nocturnes, pour le plaisir de le voir se débattre. Jason Marshall gardait le contrôle sur tout, toujours. Mais j'essayais par cela de lui montrer qu'il pouvait laisser les commandes à d'autre, quelque fois. Délaissant mes pensées, je me concentrais sur le corps à aimer sous le mien. Mes cheveux détachés tombaient devant mon visage mais je ne m'en occupais pas pour le moment. Mes lèvres avaient pris le chemin des siennes, et tandis qu'une de mes mains emprisonnées l'une des siennes, l'autre avait commencé à descendre le long de son torse. Après plusieurs années de vie commune, son corps n'avait plus de secret pour moi. Je savais pertinemment où appuyer pour le voir se tordre de plaisir et ce spectacle n'arrêtait pas de m'emplir d'une joie farouche, qui n'en décuplait que mon propre plaisir. Ça ne serait jamais aussi fort avec un autre que lui. Pourtant, mon but ce matin n'est pas de lui faire perdre pied. Pas totalement. J'arrêtais la course de ma main sur son bas ventre et détacha mes lèvres des siennes. Un sourire en coin apparut, ce qui n'annonçait rien de bon ... pour lui.

« Oui ? Non ? Hum, je me tâte. »

L'attente prolongée d'une manière indécente est le meilleur stimulant que je connaisse. Retarder la délivrance ne multipliait que le désir de l'autre. Jason ne laisserait surement pas passer cette folie, mais l'amour était un jeu parfois cruel et j'étais douée dans l'art d'être cruelle sur ce point. Surtout si le final se soldait par un feu d'artifice de sensation que je ne pouvais nommer mais qui me laissait languide et plus amoureuse qu'hier.

J'avais réussi. J'avais réussi à lui faire ouvrir un oeil et désormais elle me contemplait ...

Comment ? D'un oeil avide et languissant. Je sus à cet instant que j'en aurais pour mon grade à l'avoir ainsi dérangée dans son précieux sommeil. Mais je ne peux m'empêcher de la languir, je suis un homme après tout et certains sens se réveillent quand je suis à ses côtés. C'est bien ce que je dis, ce n'est aucunement ma faute si j'en viens à la désirer chaque jour auprès de moi, sur moi, et ma personne en elle.
Je fus surpris, sachez comme c'est une Tigresse la Carrie, de me retrouver projeté dans le statut de dominé alors qu'auparavant j'étais dans la catégorie du dominant. Ce n'est pas pour me déplaire, loin de là. Et elle se plaît à vouloir me maîtriser dans nos "jeux" nocturnes. Me retrouver sous elle, est un plaisir manifeste car je sais pertinemment que j'ai une superbe vue. D'ailleurs j'ai raison. Assise sur moi, elle n'en est plus que dominatrice et je peux ainsi admirer avec un sourire plaisant ses courbes ... qui me troublent tant.
J'eus voulus lui manifester mon contentement face à cette vision artistique, mais je fus coupé dans mon élan par ses lèvres sur les miennes. Un baiser des plus torrides, auquel j'y mettais toute ma fougue. Je suis amoureux d'elle, à me sacrifier si elle venait à être en danger. Je suis comme ça, je ne compte pas quand c'est perdre la Vie pour l'être aimé ... Mais je n'en suis pas là de mes préoccupations.

J'ai fort mieux à faire.

Là voilà qui se fait aventureuse sur mon corps, à laisser ses mains vagabonder sur mon torse pour ensuite s'arrêter sur mon bas-ventre. Elle savait comment me faire craquer si facilement. Et d'ailleurs ce serait mentir, si ce n'était pas le cas ... présentement. Au point que j'en deviens frustré avec cette caresse qui s'est stoppée.
Hé ! Elle me relâche enfin. Je vais pourvoir lui montrer mon mécontentement en grognant. Et là je tombe nez à nez avec un sourire mutin, qui ne me dit rien qui vaille. Je fais celui qui n'a rien vu et qui accuse le coup. Tôt ou tard, elle va m'épuiser. Je peux le garantir à qui veut l'entendre.
Je la fixe de mon regard noir, et un sourire vient se frayer un chemin sur mes lèvres fines. Et je lui souris de toutes mes dents. Je les claque près de sa poitrine, je me suis relevé entre-temps, pour lui montrer que l'on est à égalité et que l'on va jouer ...

Oh oui.

Elle m'a achevé avec sa phrase. "Je me tâte ?" Oh, hé ça veut dire quoi ça ? J'y réponds par un froncement de sourcil qui se veut plus narquois qu'impressionnant. Ah les femmes je vous jure. J'en côtoie une, ou deux, vu que ma relation avec June n'en est pas une à proprement parler.
Bon, évidemment je suis frustré, ça c'est assez facile à deviner si elle descend son regard vers ma virilité. Desfois je me dis qu'être une demoiselle c'est sûrement mieux qu'être un jeune homme qui ne jure que par sa testostérone. A savoir le moyen de se reproduire. Et voilà que j'ai encore des pensées interdites au moins de 18 ans qui me traversent l'Esprit. Je suis fichu.

- Ah ? Tu te tâtes ? J'affiche une mine boudeuse, ça marche toujours mais peut-être pas à l'âge de 25 ans ... On sait jamais. En même temps, moi c'est autre "chose", que je veux tâter, si tu suis mon regard ... Et mon regard qui s'attarde sur sa poitrine généreuse où d'ailleurs j'y mets mes mains ...

Si avec ça je suis pas fiché chez les pervers ... Apparemment elle veut mener la danse, qu'elle le fasse. Cette fois-ci, je reste passif, j'ai assez travaillé la nuit dernière. Et c'est épuisant de faire l'amour à une femme. Alors pour lui signaler mes intensions malsaines, oui ça m'arrive de ne pas me contrôler, je me couche, bras en croix. Elle peut disposer de ma personne comme elle le souhaite.
Juste une chose : si elle n'agit pas dans les cinq minutes, je prendrais les devants. Et là, elle va comprendre ce qu'est un Jason Marshall frustré. Je ferme les yeux, mais je suis comme le félin, je ne dors que d'un oeil.

J'ai inventé une nouvelle technique infaillible et surtout, moins grave que sa cousine égyptienne : l'auto-momification par drap.

Sans me départir de mon sourire, je remontais ma main vers le haut pour arriver jusqu'à son visage, d'habitude si inexpressif. Il n'était pas rare que des inconnus se laissent abuser par son air tellement distant et impavide. Sauf pour nous, les Rebels. Autant craint qu'admirer, traquer qu'aider. La force de notre groupe c'est ça : savoir ce que les autres attendent sans avoir besoin de mot pour le décrire. Certain était plus indéchiffrable que d'autre - comme Jason - mais pourtant indissociable.

Toujours était-il qu'aujourd'hui, Jason avait décidé d'être encore plus impassible si cela pouvait être possible. Et moi, je souriais devant une telle méconnaissance de mes capacités à faire tout le contraire de ce que l'on attend de moi. Son don - l'un tout du moins - était pourtant l'intelligence. Peut-être n'avait-il pas la capacité de connecter deux neurones si tôt le matin, mais j'avais du mal à me faire à cette idée. Pourtant, à le voir faire le mort, on pourrait le croire. Mes doigts couraient sur sa peau mais il gardait les yeux fermés, attendant une hypothétique délivrance qui ne venait pas. Mais quel dommage pour lui ! Je venais de changer d'avis. Finalement, dormir était plus important que ce que j'avais en tête il y a encore quelques minutes. Après une dernière caresse légère sur sa joue, je remontais d'un coup sec le drap sur ma poitrine et réintégra mon côté du lit, non sans m'être consciencieusement enroulée dans le drap. Vous comprenez peut-être maintenant le terme auto-momification : il ne restait qu'un bout de ma tête qui dépasser du tissu. Et pour parfaire la mise en scène, je fermais les yeux et me replongea avec délectation dans les bras de Morphé.

Bien sur, je n'étais pas sans savoir que Jason était légèrement ... indisposé, après le traitement que je venais de lui faire subir. Si en plus, on ajoutait à cela que je venais proprement de le laisser en plan, ma vengeance n'en était que plus parfaite. Ça lui apprendrait à vouloir rester passif. Je suis une femme et comme toute femme, je sais ce que je veux et si je ne l'obtiens pas, le retour de bâton fait mal. Très mal. Si il l'avait oublié, j'étais certaine qu'il allait derechef s'en rappeler et dans mon demi-sommeil, mon sourire n'en finissait pas de s'élargir.

C'était tellement bon d'avoir le dessus.

Hein ? Quoi ? Comment ?

Ceci étant mes interrogations quant à l'absence de mouvements au niveau de ma dulcinée ... C'était quoi ce plan foireux orchestré par son cerveau féminin ? Sûrement me faire tourner en bourrique ? Visiblement ça ne loupa pas.
Les quelques effleurements sur ma peau, me laissèrent sur ma faim, et j'aurais voulu plus. Enfin ce à quoi j'ai droit d'habitude, mais la Miss voulait changer la donne. Et je me retrouvais, là comme un pauvre idiot pourtant à l'intelligence hors-norme qui venait de se faire avoir comme un débutant. Je n'avais pas mesuré toutes les possibilités d'approche de Carrie ... N'importe quoi franchement.
Les yeux toujours fermés, et un petit baîllement en plus, je consentis enfin, à sortir de mon mutisme pour venir réveiller ma petite amie qui m'avait fait un sale tour. D'ailleurs, j'en avais mal en dessous de la ceinture ...

J'écarquillais les yeux, quand je vis le stratagème de ma Belle Tigresse ...

La Momification ? Sans l'évacuation des organes dans les vases canopes. Berk. Je restais sur mon quant-à-moi, en souriant narquoisement. Si elle croyait s'en tirer à si bon compte, elle se trompait lourdement. Me voilà réveillé, et tel le fauve qui allait bondir sur sa proie. Une si belle proie en l'occurence ...
Je me mis sur elle, pas de tout mon poids, la pauvre sinon, quoique je suis loin du quintal quand même et me mis à jouer avec sa chevelure. Chose qu'elle aime bien, pendant et après l'Amour. Sauf, que je ne vais pas en rester là. Le sourire élargi de la Belle, la montre satisfaite de son forfait. Pour ma part je ricane ... intérieurement.
J'empoigne lentement le drap, c'est qu'elle s'est réellement momifiée la donzelle, et je tire d'un coup sec. Le drap on s'en fiche, je me mets à explorer la nudité de ma bien-aimée.
Mes mains chaudes descendent sur les courbes, viles tentatrices de ma Rebelle adorée. J'embrasse tendrement la naissance de la poitrine, pour ensuite venir l'effleurer. Je commence à m'impatienter. Normal, elle m'a mise à mal ... C'est vous dire la tête que je tire en y repensant.

Un mordillement au lobe d'oreille, un baiser sur les lèvres et je deviens plus entreprenant. A savoir que je la lie à ma personne, en un coup de rein plus "puissant". Il est oublié l'épisode du Jason Marshall passif, qui ne voulait faire un boulot harassant. Bien que celui officié avec Carrie, m'épuise littéralement et je suis en pleine jeunesse. Qu'est-ce que ça va être quand je serais un vieux croûlant ?

Ma mort assurée, c'est moi qui vous le dit.

Je râle dans le creux de son oreille tout en continuant ma danse langoureuse sur sa personne tant aimée ...

- Je t'ai ...me finis-je par dire entre deux gémissements d'avec ma voix rauque. Je le regarde dans les yeux, elle est si belle quand elle se met à murmurer mon prénom.