.: Douce Caresse :.

*Ce rêve... Combien de fois a t il étreint mon esprit ? Je n'arrive pas à cerner la raison de cette agréable caresse qui enlace mes pensées soir après soir... Mais qu'elle qu'en fut la raison, celui ci me plonge à chaque fois dans une délectation sans pareille. Idylle de laquelle je ne souhaite pas sortir, paradis perdu dans les limbes même de l'enfer.
Comme d'ordinaire, mes pieds titillent un sable dont la finesse n'a d'égale que la douceur. La chaleur qui en émane me fait frissonner, tandis que mes orteils jouent avec ces grains pures et si attirants. Un sourire étire mes lèvres, alors que je m'enivrai des rayons de l'astre qui parcouraient mes joues. Mes prunelles vagabondaient sur ce fantastique paysage qui s'offrait alors à moi. Et je me mis à marcher, d'un pas lent et furtif, profitant de chaque seconde comme s'il s'agissait de la dernière. Je connais là, la suite des événements, consciente de ce qu'il va se passer...
Une vague déferla sur la plage, venait chatouiller mes pieds. Une brise fraîche se leva alors, faisant virevolter quelques mèches rebelles s'étant échappées d'un large chignon négligemment assigné à ma crinière sauvage. Soudain... Tel un livre dont je dévorerais les lignes, je surpris un intrus dans ce rêve utopique : une silhouette fantomatique dont les traits restaient étonnamment flous et abscons. Une figure masculine, dont je ne peux reconnaitre l'innocent loup qui l'en recouvre. J'ai alors stoppé ma marche, détaillant avec perplexité cet importun dans ma propre forteresse... Mais qu'est ce que ... ?*

Casey se releva brusquement. La demoiselle était allongée sur le canapé qui trônait au centre d'un semblant de salon au premier étage de l'Hostel Place. Il était rare de la voir ainsi, sereine et reposée, et pourtant, elle avait pris plaisir à s'accorder cette pause chaleureuse. Un magnifique félin noir dormait toujours sur ses genoux, à peine dérangé par l'agitation soudaine dont avait été victime sa maitresse. Un chat... Oui... Ils étaient d'une rareté sans pareille depuis la naissance de la Bulle, et les animaux n'étaient plus présent que dans l'écosystème de Trinité, l'ancien parc national dont l'entrée est fermement gardé. Bon nombre de rumeurs circule sur l'origine de sa présence ici, notamment celle qu'il aurait été confié à l'élue par la Dessinatrice elle même.

Reprenant son souffle avait ce brusque réveil, Casey reposa sa tête sur le moelleux coussin qui surplombait l'accoudoir du sofa, refermant les yeux, histoire de profiter encore quelque instant du calme inestimable qui avait envahi la tour en plein milieu de l'après midi. D'ordinaire, un va et vient intense de dzéta, d'hybrides, et même d'humain, animé cette pièce, véritable carrefour du mouvement visant à supprimer la WHC. Les membres de son équipe avait pris la poudre d'escampette, pour une raison ou pour une autre, ils semblaient s'être donné le mot, et pas une âme qui vive ne vint briser cette subtile atmosphère.

C'est alors que la jeune femme, dont la petite taille, un mètre soixante dix sur la pointe des pieds; lui permettait d'atteindre à peine l'accoudoir opposé. Etalée de tout son long, elle finit tout de même pas se recroqueviller, se cambrant pour laisser une petite place au félin qui ronronner tendrement. Soudain, ce dernier leva l'oreille, alors que Casey avait déjà rejoint la délicate étreinte de Morphée.

C'est la première fois que je m'essaie au "je" dans mes RP's. Si ça ne me convient je permute à la troisième personne. Je sais, je suis perfectionniste Very Happy

Tour des Rebels. Siège de moi-même le Démiurge ... et même sensation d'étouffement, fait étrange c'est que je n'arrivais plus à rêver. Et ce depuis bien longtemps ... mais ...

Je connais ces lieux, ce qu'il va advenir de la suite et que je vais "la" voir, "elle" et sa chevelure de feu que je ne peux qu'effleurer. C'est une Inconnue qui pourtant parvient à pénétrer mon Intimité. Celle des Songes en l'occurence. Ce n'est pourtant aucunement ma place mais je m'y sens comme chez moi. Dans mon Eden, rien qu'à moi ...
Mais elle s'y trouve. Je ne réagis même plus, je laisse défiler les différentes actions que je pourrais bien entreprendre dans ce Songe qui nous lie tout deux. Je ne parviens pas à mettre un nom sur son visage ... mais pourtant je sais que je la connais. J'en suis sûr. Je ne l'ai rencontrée qu'en r^ves, innocemment. La connaître mieux ? Ce serait pure Folie.
Alors je reste statique, à la contempler de mon tertre ensablé. Elle se dirigera bien vers moi, car je ne veux jamais faire le premier pas. Habitude de l'enfance sans doute. Mes jambes me portent jusqu'à l'onde limpide et mes pieds se laissent tremper.

Je m'y sens bien.

Mais comme à chaque fois ce sera écourté. Je me réveillerais en sursaut, je ne veux y penser. Alors lentement "elle" en vient à s'effacer et moi-même par la même occasion ...

En effet, me voilà courvert de sueur et je me suis réveillé brusquement. J'ai dû déranger ma compagne : Carrie Hundey. Elle ronchonne mais je ne l'ai pas réveillée, sinon je me serais fait remonter les bretelles expressement. Je la regarde sommeiller en l'embrassant tendrement sur le front. Et par habitude je passe la main dans ses mèches, un geste d'Amour ? Oui. J'en suis éperdument amoureux mais je dois la délaisser pour mon amante d'une nuit ...
Elle m'obsède. Existe-t-elle réellement ou est-ce une affabulation de mon Esprit fatigué ? Dérangé aussi ? Il semblerait. Même sous les caresses insistantes de ma compagne, je n'arrive point à trouver le sommeil. Je ne comprends pas. D'ailleurs une seule chose vient conforter mon idée de fatigue omniprésente : mon saignement de nez. Un revers de main et voilà le liquide poisseux qui m'absente pour revenir prochainement. Lentement je sors du lit où je remets mon caleçon, tout en contemplant l'obscurité qui baigne encore la chambre à coucher.
J'aurais voulu fumer. Détruire par la fumée mes oppressions, ce que je ressens ... Mais ce serait lâche de ma part. Et peut-être aussi incompatible avec mes dons. Alors je reste ainsi, un bon quart d'heure le regard absent à tenter de comprendre ce qui m'arrive. Même mon Intelligence ne parvient pas à tout analyser, serais-je si défaillant ?
Je reste Humain après tout. Je ne peux contrôler la pire chose aléatoire qui existe : le Destin.

Me l'a-t-on mise sur ma route ? A méditer. Mais c'est tout vu.

N'importe où je dois me rendre. Chercher la seule chevelure qui me rappelle la sienne, le semblant d'odeur que j'ai pu déceler dans nos songes. L'entraperçevoir, lui confesser que je suis l'Intrus. Celui qui est Spectateur mais présent en son intimité. Et m'excuser. C'est comme la souiller, après tout.
Je ne me sens pas à l'aise à me regarder ainsi, dans le miroir de la salle de bain et de rafraîchir mon visage émacié avec de l'eau fraîche. Carrie ne bouge pas, elle a le sommeil lourd cette charmante demoiselle ... Je lui souris. Et je ne peux détacher mon regard de son tendre minois endormi. Elle me rappelle un Ange, tombé du Cortège de celui que l'on nomme Dieu et dont malgré moi je pris le pseudonyme : Démiurge. Je me considère comme tel, mais je n'en ai aucunement le droit, le pouvoir même.
Je ne porte que ce nom dont je ne devrais pas même m'affubler, tant j'ai péché. Ma place sera aux côtés de l'Ange Déchu, Lucifer. Ces pensées, je les ressasse sans cesse mais point devant ma "Famille" où je me dois d'être le Patriarche. Je ne montre que quelques facettes même envers Carrie. Je ne lui fais pas Confiance ? Si. Mais trop habitué à rester silencieux. J'ai déjà appris à aimer, que l'on ne m'en demande pas trop ...
Mon regard accroche mes vêtements posés nonchalamment posé sur une chaise en bois, je les enfile. Chemise blanche, pantalon cintré noir et chaussures cirées. J'aime être impeccable ... Mais par moment l'Esprit ne suit pas.

Un dernier regard vers ma dulcinée. J'enfile ma longue redingote noire et je sors de la chambre pour dévaler les escaliers de l'immense Tour qui nours sert de refuge, mon Groupe et moi.

Dehors, je ne sais combien de temps j'ai traînassé, ressassant dans mon Esprit des bribes de ce rêve ... Je ne sauras l'expliquer mais elle m'attire inéxorablement. Je ne trompe pas Carrie, en pensant cela. Juste que c'est mon Obsession que je dois "rencontrer". Et je vais m'y employer.
Le col de ma redingote relevé et les mains dans les poches, ma grande stature ne passe pourtant pas inaperçue. Des enfants me saluent ainsi que des adultes. Connaissent-ils mon visage ? Je n'espère pas. Je fais tout pour me fondre dans la Masse humaine. Je ressens des gouttes sur ma chevelure noire, je me réfugie sous un porche et j'attends que l'averse s'arrête ...
Mais le Destin en avec moi décidément aujourd'hui. Mes pas, m'ont laissé sur le porche de cet Hôtel berceau de la Résistance ... Stupéfait, j'y vois une aide, un signe. Pourtant la Fatalité ce n'est point moi. Mais que voulez-vous quand il n'y a pas d'autres moyens ? On se raccroche à quelque chose qui ne s'avère plus être tangible ...

Je déambule dans l'Hôtel, les clients doivent me prendre pour un illuminé qui s'est perdu. Un étranger. Le miroir derrière l'homme du comptoir me faire remarquer que ma teinte d'épiderme mat est revenu à la normale. Je ne m'en fais pas. Du moins jusqu'à ce soir ... tant que je ne l'aurais pas trouvée.

On me questionne sur mes intentions. Non, je refuse de parler et je monte les escalier qui me mèneront au premier palier, où mon oeil avisé me fait part d'une scène saugrenue qui me laisse sans voix. C'est un salon vétuste mais qui fut spacieux et coloré dans des temps révolus. Une jeune femme se trouve sur ce mobilier ... et je reste coï.
Il m'a l'air de penser que c'est elle. Me présenter ? Lui dire qui je suis ? L'Homme présent dans ses rêves ? Je passerais pour fou. Ici, mes neurones boostées à leur paroxysme ne m'aident en rien. Et je ne trouve rien de mieux à dire qu'un ...

- Bonjour Avec un sourire que j'essaye de rendre le plus normal, je n'ai pas envie qu'elle se méprenne sur mes intentions ...

On ne sait jamais avec les femmes.

*Ce visage... Encore et toujours, furtif et inaccessible, proche, et pourtant si lointain, palpable, malgré la distance qui ne cesse de grandir à mesure que j'avale les quelques pas qui si séparent. Je sens son odeur, comme une caresse qu'on souhaite voir continuer infiniment, alors que le temps paraît las de couler et semble se moquer de mon impatience...
Ne pars pas...
Reste avec moi...
Alex ?*

Casey se réveilla en sursaut lorsque cette divine étreinte la saisit tendrement. Cette pensée parallèle à l'intrusion inopportune la sortit de sa léthargie passagère, faisant fuir le félin pelotonné contre son ventre. L'animal à la robe noire de geais s'éclipsa à l'étage sans un regard pour le nouveau venu. D'un geste mal assuré, la donzelle repassa une mèche distraite derrière son oreille, alors que ses prunelles détaillèrent un visage qu'elle avait déjà eu l'occasion de parcourir. Elle n'aurait su dire, quand et comment, mais elle le savait, comme ces certitudes inexplicables qui nous poussent à agir, tête baissée.

L'élue se releva, toujours assise sur son précieux canapé bleu qui complétait d'une insolente beauté la couleur azure de ses yeux. Elle jeta un regard interrogateur à cet Ulysse, attiré par je ne sais quelle sirène au sein de son domaine. Mais, elle n'imagina pas un instant être la chimère de son périple, et un léger sourire étira ses lèvres lorsqu'elle aperçut Jason.

La fenêtre entrebâillée laissa s'introduire une fine brise, embaumant la pièce d'une agréable odeur de vanille provenant d'une boulangerie, non loin de l'Hostel Place. Les rideaux virevoltaient, dans une danse couleur carmin extrêmement voluptueuse. Passant de l'un à l'autre, les prunelles de Casey semblait chercher silencieusement la raison de cette mystérieuse visite, qui n'avait rien de déplaisante.

- Bonjour...? Ce n'est pas très original...

Sa voix mélodieuse résonna dans le salon, suave et douce, enveloppant d'une infinie mélancolie les lieux dont les limites semblaient peu après disparaitre. Son sourire s'élargit, et son visage s'anima d'une chaleureuse moue enfantine.

- Qu'est ce qui vous amène ? continua t elle alors.

Me voici dans l'Antre d'Alice ...

Ma mère me contait cette Histoire étant petit. En me disant qu'à l'âge adulte, je la trouverais mon Alice. Evidemment étant enfant, je ne croyais pas à ces bêtises, mais je sus plus tard que ma mère possédait elle aussi un don : savoir l'Avenir de ses proches. Mais elle possédait un don encore plus troublant, celui de pénétrer les rêves des "autres". Et ce, à son insu ... Je viens d'y repenser, debout, admirant celle que je nomme silencieusement Alice mais dont le patronyme n'est pas celui-ci.
Instinctivement j'embrasse la pièce du regard, afin de mémoriser chaque détail qui pourrait me sembler important. Les rideaux, la couleur du canapé où elle se fut étendue ... Le parquet, les odeurs qui y virevoltent. J'analyse donc les moindres détails, sachant que je les retranscrirais sur une feuille de papier dès que je rentrerais à la Tour. Je me surprends à lui tourner le dos, préférant peut-être scruter ce qu'il se passe dehors sous une averse qui n'en finit point.
Mais il serait honteux que je ne fasse point cas de mon interlocutrice, alors je me tourne vers elle. Elle trouve que les salutations que je lui ai offertes sont succintes ...

Moi aussi, je me suis connu bien plus bavard par le Passé.

- Moi-même, je me suis déjà connu plus bavard avec mes interlocuteurs, dans ce cas interlocutrice. Comment lui avouer, que je n'aime pas les familiarités banales ? Tout simplement ... Je n'aime pas me cantonner à ce que l'on pourrait qualifier de salutations triviales. Ne te méprends pas. Finis-je avec un sourire plaisant, et dans mon souci de rapprochement, je l'ai tutoyée. Là aussi, qu'elle ne se méprenne point ... Je n'aime pas mettre de distance envers les gens.

Sauf ceux ou celles qui viennent à m'insupporter. Elle, non, pour le moment. J'ai donc le loisir de la détailler, elle est jolie. Très jolie même. En même temps, je le sais, vu que j'en rêve d'elle. D'ailleurs, que je n'oublie pas ce pourquoi je suis venu.
Qu'est-ce qui m'amène ? Bonne question. Un délirium tremens qui me fait croire que c'est elle celle que je cherche. Oui, mais le lui dire comme ça, c'êtr me faire interner directement. Et ce n'est pas dans mes prérogatives futures.

- J'ai parié avec le Chapelier Fou et le Chat de Cheshire ... et je me suis retrouvé à poursuivre le Lapin blanc. Lui dis-je en riant d'un rire clair. Et tu peux me tutoyer, je n'aime pas mettre de la distance avec les personnes, et ça me donne un coup de vieux, ce que je ne veux assurément pas ... Nouveau sourire. Décidément je suis en forme, mieux qu'à mon réveil en tout cas ...

Mais je dois amener le sujet des rêves dans la conversation. Mon visage reprend son sérieux et je le fixe de mon regard couleur d'onyx. C'est elle, c'est une certitude. Mais comment le lui avouer sans paraître pour un dégénéré ? Alors là, malgré que je tourne et retourne la problématique dans mon encéphale grise, je ne vois qu'une chose et la plus simple à dire : la Vérité.
Je passe ma main dans ma chevelure noire qui est en bataille, c'est un tic dès que je suis stressé ou par exemple toucher des objets. Ce que je fais, je remets au centre d'un guéridon, un vase indigo avec ses fleurs. Un long soupir vient agrémenter la chose ...
Je me lance.

- Je te connais. Je te visualise chaque nuit durant une durée bien précise. Un laps de temps où nous nous croisons. Je suis l'Intrus dans ton rêve et tu es l'Intruse dans le mien. Je sais que c'est toi ...

Je l'avais annoncé sans tourner autour du pot. Et à quoi bon aussi ?

- Je ne sais pas à quoi cela est dû. Je n'en ai pas encore trouvé la cause, mais je veux la trouver avec toi. Si tu veux bien.

Et son sourire s'agrandit... Casey semblait ravie de voir pareille intrusion dans ce sanctuaire d'un soir, et prenait plaisir à écouter sa réplique. Mais elle resta perplexe. Elle le connaissait bien entendu, pour un regard en coin qui lui valu la caresse qu'offre la vue de son doux visage, ou une odeur délicieusement sucrée imprégnant l'antre des rebelles qui n'appartenait qu'à lui. C'était une sorte de chassé croisé, un simple nom sur lequel on passe tant de temps à remettre un joli minois ou une quelconque moue. Mais après tout, qui n'en avait jamais entendu parler ? Autant celui de Connor n'était qu'une ombre sinueuse, un reflet indiscernable dans un miroir brisé, autant celui de Marshall était lié au mot révolution. Il était craint par moment, admirer dans d'autres, dans ce milieu très fermé qui regroupait les personnes conscientes de la menace que constituait les Créatures.

Sa présence en ces lieux n'en restait pas moins inexplicable, et pourtant, la demoiselle ne le craignait pas, dénuée de tout sentiment qui puisse se rapprocher de la peur, comme une confiance aveugle. Elle resta un instant immobile, ainsi assise comme une enfant écoutant avec attention la tirade de son professeur, le regard vif et plein de curiosité, d'interrogations en tout genre. Et puis, vint le douloureux passage du rêve. Ses paroles semblaient dénuées de sens pour Casey, qui tentait de les retranscrire dans sa tête comme une vieille machine à écrire dont les touches glisseraient inopinément sous ses doigts, afin de comprendre les paroles du Démiurge.

Elle se leva alors, prenant un soin tout particulier, tel un animal blessé, à ne pas tourner le dos à cet étrange, mais néanmoins très attirant protagoniste qui faisait de son esprit un véritable champs de bataille où s'affrontaient des hypothèses plus saugrenues les unes que les autres expliquant cette étrange élan d'inspiration. Mais il continua, enlisant avec lui, Casey, qui se noyait dans les méandres de l'improbable. Comment était ce possible ? On ne partage pas des rêves ! Peut être entre deux élus possédant des liens de sang, mais eux, ils n'avaient rien en commun, pas même une couleur ou un plat préféré, et ne se connaissaient même pas !

Et pourtant... Cette plage idyllique ressurgit à la surface de ses pensées tel un glaçon insolent qui remonte encore et toujours à la surface d'un verre loin d'être désirable. L'intrus... C'était lui... Et si elle, l'était dans son rêve... L'élue secoua alors la tête en signe de désaccord. Elle paraissait prise par une intense réflexe, visant à trouver l'indice qui détruirait le raisonnement absurde de Jason. Elle détestait l'idée que l'on puisse ainsi partager quelque chose, sans qu'elle n'en ai le contrôle...
Oui, le contrôle, car c'est bien de cela dont il s'agit. Ce besoin perpétuel de ne jamais être pris au dépourvu, ce désir de voir se réaliser les évènements de la vie en parfait accord avec ce que l'on avait au préalable imaginer, sans accrocs, sans remords.

"C'est ... C'est impossible..." souffla t elle alors d'une voix étrangement calme, qui semblait être destinée à elle même.

Mais il poursuivit, expliquant qu'il n'en connaissait pas la raison, et qu'il désirait profondément la trouver. Casey se stoppa alors, s'immobilisant devant lui après prés d'une minute à avaler les longueurs de salon en faisant les cents pas, le bruit de ses talons martelant le sol parqué de bois clair. Le haut vert qu'elle portait tranchait radicalement avec le vermeille des rideaux et l'azur de ses yeux, donnant à la scène qui trait artistique vraiment sublime, alors qu'un simple jean mettait harmonieusement en valeur les courbes gracieuses de sa silhouette. Elle reprit alors :

"Je dois avouer que tout cela me laisse sans voix." lâcha t elle alors d'une voix suave qui se voulait des plus douces.

Lasse de cette réflexion matinale, elle se laissa négligemment tomber sur le canapé dont l'un des coussins pris la poudre d'escampette pour finir sa chute sur la table basse. Absente, le visage sérieux et le regard évasif, elle semblait perdue dans ses pensées. Et puis, elle reporta ses grands yeux en amande sur l'objet de toutes ses attentions.

"Que vois tu dans ce rêve ? Car je ne pourrais dire que l'homme que je vois possède tes traits... Comment es tu certain de ce que tu avances ? J'aimerai en savoir plus... Moi aussi je souhaite éclairer ma lanterne..." lâcha t elle alors d'une voix suave qui se voulait des plus douces.

J'avais bien raison, elle ne croyait pas mes affabulations ...

En même temps, qui pourrait croire des sornettes pareilles ? Je vous le dis moi : personne. Pas même moi, qui suis comme Saint-Thomas, il faut que je vois pour croire. Et à part ce rêve qui vient à nous turlupiner tout les deux, je n'ai aucune preuve. A part celle d'enregistrer ce songe, mais l'Esprit humain n'a pas encore inventé une telle machine.
J'aimerais en être l'Inventeur, afin de savoir quels peuvent être les rêves des autres, leurs attentes, leurs fantasmes et savoir y répondre. Je sais ce que veut mon Groupe et je m'y emploie à le leur donner mais en revanche, pour les étrangers, comme mon Alice, je ne sais strictement rien.
Elle est si belle, la petite poupée qui écoute d'une oreille attentive les palabres insensées d'un Intrus, à la fois réel et imaginaire. Qui est devant elle dans la Réalité et qui s'insinue sournoisement dans son intimité. Je n'ai pas ma place ici, mais m'en aller serait idiot. J'aime éclaircir les zones d'ombre qui me taraudent et celle-ci en est une énorme.
Je ne peux l'inventer, c'est elle que je perçois, je pourrais même lui dire son parfum, ses manies ... C'en devient abhérrant.

- C'est peut-être impossible, mais c'est malheureusement la seule et terrible Vérité. Lui dis-je en la regardant droit dans les yeux, ayant entendu son doux murmure ...

Le bruit des talons claquant sur le parquet m'indisposa légèrement, je n'aime pas le bruit, même si ce dernier est léger comme celui-ci. J'en suis phobique à l'extrême. Elle ne me gêne pas, je ne vais pas l'occire pour une pareille chose mais ça dérangerait presque ma réflexion que je veux intensifier au fur et à mesure de notre entrevue, qui j'espère sera florissant. Pour l'un, comme pour l'autre ...
J'avais mon regard posé sur le sol, en plein brainstorming, les lèvres qui venaient à se mordre. Ca fait toujours ceci quand je suis stressé. Et c'est souvent d'ailleurs, mes mutilations y sont pour quelque chose ... A cette pensée, je redescends la manche de mon haut, en toussotant légèrement. Bien que je lui fasse "confiance" pour le moment, elle y verrait une de mes failles et je ne suis pas là pour m'exposer au grand jour.
Loin s'en faut. Je la revois s'asseoir négligemment sur son canapé et pour ma part je prends une chaise où je m'assois à califourchon, ayant mes bras posés sur son dossier.

J'aurais pu m'asseoir à ses côtés, mais j'empièterais sur son espace vital, chose que je ne veux assurément pas.

- Ce que je vois ? Hé bien attends, au lieu de te le narrer, je vais te le dessiner. Lui dis-je avec un sourire serein.

De la poche de mon jean, j'en extrais un calepin, utile pour marquer tout ce qui me semble important. Je saisis le crayon accroché et je commence à tracer des traits sur le papier. C'est très clair dans ma tête, au moins elle le visualisera plus simplement.
Je la dessine elle, en train de contempler la plage et de subir la douce caresse de la mer, et pour ma part, je me dessine en tant qu'Observateur. Ombre noire dans son sillage. Après une ultime vérification, je le lui tends, je n'arrache pas la page. J'ai pour habitude de tout garder ...

- Voilà ce que je peux voir. Nouveau sourire avenant.

Une question vient de me traverser l'Esprit, je fronce les sourcils. Pourquoi n'y ai-je pas pensé plus tôt ?

- Casey ? L'interromps-je dans sa "retraite anticipée" après mon fabuleux discours ... Aurais-tu des prédispositions psychiques ? Des perceptions extra-sensorielles ?